- La croissance économique globale devrait atteindre 2.3% en 2020 et 2.8% en 2021
- La crise du Coronavirus, même si elle trouvait une rapide solution, pourrait déjà avoir déjà coûté -0.1pp de croissance à l’économie mon-diale en 2020
- Le Maroc devrait croître à un rythme modéré de 2% en 2020 à cause de l’ensemble de ces incertitudes extérieures
- La consommation, malgré de faibles progrès en termes d’emplois, va rester résiliente (2.1% de croissance en 2020) grâce à une politique de soutien des ménages
- Réformes structurelles et programmes d’infrastructures vont continuer à se succéder à un rythme soutenu, confirmant et poursuivant les récents progrès en termes d’attractivité
- Bank al-Maghrib va continuer à bénéficier d’un bon niveau de crédibilité à l’extérieur tout en récoltant les bénéfices du Programme Intégré d’Appui et de Financement des Entreprises sur le plan intérieur
‘’L’économie mondiale a fait face à des défis majeurs en 2019 avec l’intensification du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine, la multiplication des foyers de tension liés aux revendications sociales et la mise en place de réglementations drastiques sur l'environnement qui ont très largement bouleversé le cycle industriel mondial. Dans les trois domaines, nous n’attendons pas d’amélioration sensible de la situation en 2020, tandis que vient s’ajouter en ce début d’année un élément d’incertitude fondamental lié au déclenchement de l’épidémie du Coronavirus. Dans ce contexte, où l’approche des élections américaines va également contri-buer à accroître le niveau d’incertitude, nous attendons un niveau de croissance mesuré du commerce international à 1.8% en 2020 contre 1.2% en 2019, ce qui signifie qu’il y a peu de chance de voir le commerce international contribuer positivement à la croissance Marocaine en 2020. La croissance mondiale quant à elle est aussi attendue à un niveau bas de 2.3% en 2020 contre 2.5% en 2019. Nous calculons que les effets de demande, liés à l’affaiblissement de l’économie Chinoise, et que les effets d’offre, liés à la perturbation des chaines globales de production, pourraient d’ores-et-déjà avoir coûté -0.1pp de croissance à l’économie mondiale en 2020.
Après une année décevante en 2019 en raison des sous-performances du secteur agricole, l’économie Marocaine va continuer à faire face à des difficultés en 2020 qui seront essentiellement liées à des facteurs extérieurs. Face aux difficultés de ses principaux partenaires économiques (la croissance de la zone euro est attendue à 0.9% en 2020, celle de la France à
1% et celle de de l’Allemagne à 0.5%), le Maroc va devoir compter sur ses propres forces pour atteindre également un rythme modéré de croissance en 2020 de 2% en comparaison à 2.4% en 2019. Sur le plan budgétaire, le gouvernement devrait donner la priorité aux dépenses liées à l’éducation (+72.4 milliards de Dirhams), à la santé (+18.6 milliards), aux infrastructures et au soutien du pouvoir d’achat des ménages (+6 milliards d’augmentation pour les salaires du public et +26 milliards d’aides aux catégories sociales défavorisées). Le déficit public devrait se maintenir aux alentours de 3.5% du PIB en 2020. Ces orientations budgétaires plus inclusives, couplées à un environnement économique où l’inflation va rester à un niveau faible
(1.1% pour l’indice des prix à la consommation), vont soutenir la consommation des ménages, qui va être résiliente à 2.1% en 2020. « Les récentes orientations budgétaires de l’Etat, au-delà du soutien de la demande à court-terme, vont contribuer à pérenniser les réformes structurelles sur le long-terme », selon Ludovic Subran, Chef Economiste d’Allianz.
Cette politique de soutien à la demande orientée sur le court terme, va être accompagnée par des mesures ayant pour objectif le long-terme, avec de nouveaux programmes ambitieux d’infrastructure et la poursuite des réformes structurelles. Ces dernières prennent la forme d’incitations à la déclaration des actifs détenus au niveau domestique et étranger dans un souci constant d’élargir l’assiette fiscale. Elles concernent aussi des initiatives pour faciliter le commerce transfrontalier à l’aide de systèmes de paiement électronique, la facilitation des procédures pour obtenir des permis de construction, la généralisation de l’accès à l’électricité, le renforcement de la protection des actionnaires minoritaires, le renforcement des procédures permettant l’exécution des contrats. Le Maroc a ainsi progressé de 7 places entre 2018 et 2019 au sein du classement Ease of Doing Business de la Banque Mondiale pour atteindre la 53e position mondiale.
L’accès au crédit reste un des éléments faibles de ce classement. Néanmoins, le Maroc bénéficie d’un bon niveau de crédibilité du point de vue de l’orientation de sa politique monétaire.
L’élargissement des bandes de fluctuation du Dirham Marocain à partir de Janvier 2018 a été un succès dans le sens où cette monnaie a été stable depuis le changement du régime de change malgré un contexte international de haute incertitude. Un contexte d’inflation basse a donné l’occasion à Bank al-Maghrib d’assouplir sa politique monétaire en Février 2020, non pas à travers une baisse du taux directeur, mais via une initiative coordonnée entre le gouvernement, les banques et Bank-al-Maghrib. Ce Programme Intégré d’Appui et de Financement des Entreprises prévoit un refinancement préférentiel à 1.25% (contre 2.25% pour le taux officieldirecteur) pour les banques participant à ce programme (sur la base de 6 milliards de DH disponibles sur trois ans), c’est-à-dire s’engageant à ne pas dépasser un seuil de 2% dans les prêts qu’elles accordent aux petites et moyennes entreprises ou un seuil de 1.75% pour des prêts accordés au monde rural. « La politique monétaire marocaine, via des actions ciblées
sur les petits acteurs économiques, va se montrer plus inclusive sur le plan intérieur,
sans sacrifier les enjeux liés à sa crédibilité sur le plan extérieur », ajoute Ludovic
Subran. ‘’